LA CIVILISATION MONDIALE EN DANGER
PAR Manuel de DIEGUEZ
PARTIE III
Comment se fait-il que le débat politique ait porté exclusivement sur la sauvagerie d'un crime de guerre, certes, spectaculaire et dont le gigantisme, l'acharnement et l'aveuglement ont révolté la conscience morale de tous les peuples et de toutes les nations du globe, alors que la véritable ambition d'Israël est rendue invisible précisément par le spectacle aveuglant de la disproportion des forces entre les roquettes inefficaces du Hamas et le double écrasement de Gaza sous des bombes au phosphore blanc et des armes à l'uranium appauvri, dont l'usage définit pourtant le plus grave des crimes de guerre, le génocide ?
Pour qu'un escamotage politique aussi éblouissant puisse fonctionner, il faut que la boîte osseuse des descendants d'un chimpanzé malin soit de nature bipolaire, donc dichotomisée dès l'état fœtal par les simulacres politiques qui l'attendent à l'âge adulte et qu'une bipartition cérébrale aussi stupéfiante est donc le moteur principal de l'histoire d'un animal protégé à titre psychobiologique par le bi phasage de ses neurones.
Mais si les masques politiques sont des constructions mentales d'origine génétique et s'ils assurent une distanciation intellectuelle relative des élites dirigeantes d'une époque à l'égard de l'émotivité des foules de leur temps, l'image de la superficialité native du simianthrope ne saurait tuer un recul parcimonieux de son intelligence; et, de leur côté, les masses mises en mouvement par des preuves seulement visuelles vont contraindre en retour toute la classe politique à engager une réflexion sérieuse sur la fragilité de sa propre distanciation, donc de sa réflexion embryonnaire à elle - donc sur la ruine qui menace l'apparence de supériorité cérébrale qu'elle affichait à l'égard du troupeau.
Elle se demandera donc où se cachent les simulations mentales du singe vocalisé et les faux-fuyants gesticulatoires de sa "raison".
La volière dans laquelle la civilisation moderne fait chanter le rossignol de la démocratie est celle du droit international.
Les vocalises de l'oiseau aux plumes rouge et or rappellent à un monde de sourds que le Hamas protège la Cisjordanie de la conquête armée par l'Etat hébreu et que la cuirasse de sa légitimité n'est autre qu'un chœur de chanteurs dont les cantates sont orchestrées par la conscience universelle réputée incarnée par l'ONU.
Ce puissant organisme rappelle du matin au soir le droit des peuples à l'autodétermination, à l'indépendance nationale, à l'intégrité territoriale, à l'unité nationale et à la souveraineté sans interférence extérieure.
Le Conseil de sécurité, la Commission des droits de l'homme, la Commission du droit international et la Cour internationale de justice prêtent leur voix à cette symphonie.
La Résolution 37/43, de l'Assemble générale des Nations Unies, adoptée
le 3 décembre 1982 s'ajoute à ce concert en réaffirmant "la légitimité de la lutte des peuples pour l'indépendance, l'intégrité territoriale, l'unité nationale et la libération de la domination étrangère et coloniale et de l'occupation étrangère par tous les moyens disponibles, incluant la lutte armée." -
Voir aussi les Résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies 1514, 3070, 3103, 3246, 3328, 3382, 3421, 3481, 31/91, 32/42 et 32/154 ).
5 - Une civilisation de la dérobade morale
N'est-il pas saisissant d'assister à une partie de cache-cache ou de colin-maillard à laquelle la presse mondiale et la diplomatie européenne se livrent à l'échelle de la planète afin de paraître raconter "objectivement" une guerre dont quelques condamnations pieusement distillées servent à masquer la complicité dévote avec l'agresseur de la démocratie dite des droits de l'homme?
Quel alibi commode - quel masque politique - de ne désapprouver que du bout des lèvres la disproportion des forces entre les armes cyclopéennes d'Israël et les flèches émoussées des indigènes, quel confort, pour une civilisation des dérobades de sembler se ranger "résolument", mais à si peu de frais du côté des arcs et des sarbacanes dont la conscience universelle s'est armée.
C'est qu'il s'agit seulement de cacher sous des bombes de Titans les cadavres d'enfants qu'Israël présente en catimini à l'Histoire.
Mais pourquoi mener subrepticement l'extermination d'un peuple en chair et en os, pourquoi prétendre ne faire place à une autre ossature sur son territoire que sous les affûtiaux du droit international, sinon parce que notre espèce se présente dédoublée dans l'arène du temps à prétendre moraliser ses carnages?
C'est pourquoi les historiens et les anthropologues futurs sont aux abois.
L'Europe du droit public se trouvera-t-elle accusée d'avoir servi pendant six décennies de soutien diplomatique - donc de masque politique - à la conquête militaire israélienne de la Cisjordanie?
Dans ce cas, que faire d'une tache de sang plus indélébile sur le drapeau d'une civilisation que celle dont lady Macbeth s'efforçait en vain d'effacer la trace sur ses mains, que faire d'un cancer dont jamais la civilisation occidentale ne se remettrait?
Comment survivre à anéantissement du droit et de la loi au profit d'un génocidaire masqué sous l'évangile des démocraties schizoïdes? Car il y a longtemps que le Vieux Continent n'est plus un prédateur travesti en apôtre.
Le continent de la pensée se trouve dans la situation dénudée d'Athènes vaincue sur le champ de bataille, mais demeurée capable de rassembler les dernières forces de la civilisation d'Athéna pour conquérir de l'intérieur son "farouche vainqueur ".
A son tour, l'Europe rendra-t-elle impérissable un message à l'histoire future, celui d'un monde menacé de putréfaction par le cadavre pourrissant qu'Israël lui aura mis sur les bras, le cadavre de l'éthique du monde?
Nous disposons d'une chance intellectuelle peu commune, celle qui nous permet de prophétiser à coup sûr le sort qui attend l'association du grand et du petit malfaiteur en terre sainte.
Tous deux ne rivalisent-ils pas en habileté politique à feindre d'évangéliser les conquêtes territoriales de la démocratie mondiale?
Il est donc inévitable que le nain, fort de l'appui du Goliath qui porte le heaume de la "Liberté" continuera de brandir le glaive du salut du monde afin d'étendre ses terres sous le drapeau de son éthique faisandée et qu'il tentera de cacher ses victoires par le fer et le feu sous cent subterfuges de sa piété casquée jusqu'aux yeux, y compris sous les crimes de guerre les plus bruyants, pourvu que les canonnades les plus assourdissantes ne mobilisent jamais que les grandes orgues de la conscience démocratique et fassent seulement un tapage inutilement universel autour du carnage - puisqu'un tintamarre d'autels apitoyés aidera à détourner l'attention du public des patients larcins du Tartuffe dont le compte-gouttes finira par remplir la caverne d'Ali-Baba du sionisme.
Cachons, dit l'espèce bifide, l'enjeu réel de notre politique sous le boisseau d'une démocratie au blason vertueux, cachons sous le tabernacle de la "Vérité" et de la "Justice" du monde, dit le simianthrope scindé entre deux mondes, l'installation en tapinois d'une masse de colons qu'il sera bien impossible de jamais déloger quand leur nombre aura dépassé le demi million - objectif du reste dépassé depuis longtemps.
6 - L'école des masques politiques
Les premiers pas de M. Obama sur la scène internationale peuvent d'ores et déjà se trouver racontés au passé antérieur. Lisons les chroniqueurs et les mémorialistes des masques politiques qu'Israël aura mis en place dans les coulisses de l'Histoire des pseudos démocraties.
Pourquoi le nouveau Président tentera-t-il de placer la volonté de l'Iran de se doter d'armes nucléaires au cœur d'une dramaturgie cosmique, sinon afin de cacher aux nigauds que, depuis six décennies, la vraie guerre est celle de la conquête de la Cisjordanie par l'Etat hébreu?
Mais les descendants de Thucydide sont embarrassés.
Comment les historiens contemporains disposeront-ils leurs caméras afin de raconter aux générations futures la véritable histoire - donc l'histoire cachée - du titanesque jeu de dupes à l'usage de l'astéroïde du singe onirique?
Car l'historien moderne ignore des pans entiers du réel :
de plus, il les ignore sans seulement se douter de leur existence.
Il vous raconte la Russie de 1856 à nos jours sans seulement s'apercevoir qu'on ne raconte pas l'histoire du communisme à l'école des instruments du savoir que fournissent les micros de Tacite ou de Gibbon, parce que le marxisme était un évangile et qu'on ne narre pas le destin d'une utopie sacrée sans connaître le fonctionnement dans l'imaginaire religieux d'un animal affligé ou bénéficiaire d'un encéphale spéculaire.
Sinon tout le monde pourrait, comme dit Molière, "voir, de ses yeux voir, ce qui s'appelle voir" que l'Etat hébreu n'est menacé en rien par une apocalypse nucléaire, puisque son Jahvé dispose depuis longtemps de cette foudre et qu'à l'inverse, la seule menace effective est celle que l'étoile de David fait peser sur un pays des Lettres persanes de Montesquieu qui n'a pas encore fabriqué le Déluge .
Mais pourquoi brandir précisément ce masque-là de la politique ? Pourquoi rameuter les cinq continents contre un leurre de la Genèse qui ne trompe plus les spécialistes de la foudre mécanisée?
Pourquoi cacher à l'opinion publique mondiale que tous les stratèges et tous les penseurs militaires de la planète savent depuis plus de quarante ans que la bombe atomique est une arme exclusivement politique, donc psychologique et qu'elle n'a rien de militaire, tellement elle est évidemment inutilisable sur un champ de bataille entre deux adversaires dont les mâchoires étincellent des mêmes crocs ?
C'est que le peuple de Jahvé tente de verrouiller la planète à l'école du mythe apocalyptique des modernes.
Pour cela, il lui faut faire de l'Iran le carrefour d'une fin du monde fantasmée, afin de régner sur la région à l'aide de l'apocalypse - donc du masque politique - qu'il tient entre ses mains.
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